emmanuelle amsellem — entretiens (janviers 2010)

« Intensément nourrie du visuel offert par les œuvres de certains peintres du mouvement impressionniste, j’ai été amenée à explorer la voie ouverte par Signac dans sa traduction picturale de la lumière.

collection privée / © photo Yves Sarrans

Ma recherche d’une méthode susceptible d’appréhender la lumière dans sa perception visuelle m’a conduite à rejeter l’aplat sur la toile pour travailler la peinture exclusivement au couteau. Au-delà de la perception visuelle de la lumière, il s’agissait en outre d’une quête de l’authenticité pour parvenir à un échange sensible : ne capter que la sensibilité, faire de la toile un objet sensible en interaction avec le sujet.

Dans cette recherche d’une traduction picturale capable d’impulser le regard que chacun pose sur les choses pour les comprendre et sur soi-même pour se comprendre, j’ai naturellement fait le choix du monochrome, qui me semblait davantage permettre des retranchements limites.

© photo Yves Sarrans

Les couleurs ne sont pas anodines, elles ont de tout temps véhiculé un langage dans la conscience collective.
 
Tout en cherchant une conception structurée des images peintes, je me suis essayée au langage du bleu ou, plus exactement, des bleus utilisés sans aucun mélange, dans leur pigmentation naturelle.

Le bleu, ou plutôt les bleus, se sont montrés tour à tour fidèles ou infidèles, constants ou inconstants, parfois sournois comme le bleu de Prusse ou chatoyants tel le bleu de cobalt (HUE), me ramenant ainsi à l’humain.
 
Au centre demeure en effet l’humain, confronté à son environnement dans lequel la déambulation prend des allures de voyage initiatique. »